Une visite depuis la frontière~

"Promenons nous dans les bois, tant que mamy, n'y est pas, si mamy y était, vos têtes tom-be-raient."

Une comptine que connaissaient par coeur les habitants de son royaume, car il ne savait se contenir de la chanter chaque fois qu'il décidait qu'il sortirait de sa demeure. Aujourd'hui vêtu aussi énormément qu'à l'accoutumée, il portait un haut dont on se demandait la matière, ses épaules faisant une courbe pour se rejoindre en son dos, y formant un signe que l'on connaissait bien. Ses goûts vestimentaires seraient-ils héréditaires? Sans doute que certains affirmeraient que ça saute une génération... Enfin, les rumeurs feraient mieux de se taire. Lui aussi, me direz vous, malgré le fait que sa voix ne soit pas si désagréable que ça. Il s'abaissa, faisant tomber sa lourde traîne dans les fleurs bordant son royaume, capturant un papillon entre ses mains.
Il le faisait bien sûr exprès. Ses mains étaient placée au centimètre près dans son royaume, caressant presque celui du roi voisin. Presque. Puis, il se redressa, guettant son arrivée, en continuant...

"Mais comme Mamy n'y est pas, je m'en cha-rge-rais~"

Ah, la frontière... C'était amusant de passer à cette nature... Naturelle à celle du Royaume de Coeur si artificielle que c'en était flagrant... Un étranger devait a-do-rer ce genre de changement spectaculaire qu'on ne trouvait pas sur Terre... Le maître de ces lieux n'y portait guère d'importance... à quoi bon, puisqu'il ne pouvait pas sortir ? Souvent, lorsqu'il s'approchait de la frontière, le Roi était affligé... Il se rappelait du royaume, juste avant que ne naisse le petit prince, et observait avec un dédain certain les fantaisies de Maxence de Coeur... Prince ou princesse, ce dernier avait hérité dans les deux cas de la folie de sa grand-mère... à moins que ce soit de sa mère... Mais en aucun cas de son père. Parfois, l'ancien Prince de Coeur lui manquait. Très vite, il chassait cependant son souvenir en se reconcentrant sur les préoccupations du moment, c'est à dire la nouvelle génération princière... Ce jour-là, plus nostalgique que d'habitude, il avait décidé d'apparaître à la frontière du Royaume de Coeur... Mais...

"Toi ?! ICI ?! Comment oses-tu venir déranger le Roi que je suis ?!"

Oh non... Maxence de Coeur se trouvait devant lui... à quelques millimètres de la frontière...Un peu... juste un mouvement... et il serait à lui.

"Mais dis-moi... Tu as bien grandi, depuis la dernière fois... Approche donc, que je puisse te voir...?"

Oui, certes il était aussi fou que sa grand-mère. En son sens, c'était de la grand mère, seule a avoir donné un souvenir a ce monde. Souvenir assez grand que pour être parvenu a ses oreilles.
Un sourire prit place sur ses lèvres, alors que le vieux -puisqu'à son sens c'était le cas, sa notion de la vieillesse étant inexistante puisqu'il n'avait pas été élevé avec des parents ou encore des grands parents. De plus, celui là le prenait pour un morveux baveux, comme tout vieux qui se respecte. Bref.

"La vue te fais défaut, vieil homme? Tu n'es pas si loin de moi, allons~ Plisse les yeux, tu me verras mieux."

Oui, ça ça l'amusait. Au moins autant que de chantonner sa petite comptine en sautillant. Il devait être assez intelligent et mature que pour connaitre ses limites. Comme quoi il savait le principal a savoir en ce monde. Ou du moins lorsque ça concerne de trop près sa propre personne.

Oui... Au moins, il savait où il devait s'arrêter pour ne pas mal finir. c'était au moins ça de prix, son instinct de survie n'avait pas disparu dans sa sombre folie... Le Roi soupira... Il n'arrivait en rien à voir le fils de son ami à l'intérieur du garçon... Car pour le roi, il s'agissait bien là d'un fils, puisque Gabriel de Coeur avait toujours dit qu'il aurait un fils en premier, pour en faire un fier guerrier, Prince respecté et aimé de tous, qui ne prendrait les armes que pour défendre le Royaume... Gabriel ne s'était en effet jamais vu avec une fille... Alors comment le Roi de Carreau aurait-il pu voir une fille en Maxence de Coeur alors que son ami lui avait toujours dit le contraire ? Pour lui, Maxence était résolument un garçon. Soupirant de manière exagérée, Il avait repris la parole sur un ton excédé.

"Si je pouvais venir à toi... Je te tuerai !"

Au moins ses intentions étaient claires... Mais honnêtement, croyez-vous vraiment qu'il le ferait ? Il avait en face de lui l'enfant de son ami... ça lui serait tout bonnement impossible. Prenant tout de même un élan magique -digne du Roi qu'il était- pour s'approcher au plus près de Maxence, il lui murmura d'un ton menaçant...

"Que me veux-tu encore, cette fois...? Es-tu enfin venu quémander la mort que je te réserve...?"

"Noon... Je voulais te donner une invitation a dîner dans ma nouvelle salle a manger, et a passer la nuit dans une des nouvelles chambres du palais!"

Il adorait le narguer, parce qu'il était loin d'ignorer qu'il était déjà aller dans SON palais quand il n'était pas encore sien. Quand a son sexe, ... C'était un sujet plus délicat qu'il n'y paraissait. Il n'était pas improbable que ce soit dû a ça... Mais ça n'aide en rien. S'il est un garçon, il pourrait en vouloir a ses parents de ne pas l'avoir élevé, et donc devenir une semi-fille, ou bien être une fille et vouloir réalisé le souhait de son père, parce qu'au fond, elle serait bien plus attachée a lui qu'elle ne l'admettrait jamais.
En somme ça revenait a la même chose que de dire que c'est un garçon ou une fille. La seule chose bien certaine, c'est qu'il ne tient pas les armes pour se battre pour son royaume, il n'était pas non plus le meilleur prince, Pique étant sûrement mieux placé que lui pour gouverner, et, il était impossible de dire s'il était vraiment aimé. Même ceux qui ne s'en plaigne pas, peuvent très bien ne ressentir qu'un sentiment maternel. Ce serait pas impossible; a seize ans, on était loin de parler d'un Prince qui succède dignement a son père. Pourtant, parfois il lui arrivait de songer...

Le jeune prince ne disait pas cela a la légère, en fait, il semblait guetter une réaction. De quel genre...? C'était pourtant simple. En parlant d'ailleurs il parlait de là d'ou vienne les étrangers. Alice! Bon sang, celle là il ne la connaissait pas, mais il semblerait qu'elle aie foutu bien plus la merde que lui ne le ferait jamais. Heureusement, me direz vous, pour la survie du Prince.

Parce que bien sûr il avait fait des suppositions quand a la disparition du Roi de Coeur. Il était loin d'imaginer une scène aussi touchante pour annoncer sa naissance; il ne s'imaginait que comme prétexte au grade de Roi. Ou même pas désirer, puisque le titre de Roi ne lui profitait même pas là ou il était, a présent.
Inutile donc de préciser qu'il pensait qu'il était toujours vivant. Son père... A force, penser a lui ne lui faisait plus mal. Il en éprouvait de l'indifférence; a présent il se moquait bien de savoir ce qui était arriver, parce que le résultat était le même. Son père n'était pas là.

Et sans doute que son père lui en voudrait de voir comment était devenu ce Royaume, puisqu'il avait changer la moindre chose qu'auparavant on avait pu faire construire.
Puisqu'il n'était rien du fils qu'attendait ce Roi. Ce Bon Roi, sûrement... Mais pas ce Bon Père.
Il y a toujours un moyen. Si Gabriel avait voulut l'élever, il aurait Put le faire, et ça, personne ne pourrait le lui arracher du crâne.
Malgré tout les démentit qu'on pourrait apporter.

Mais il n'en voulait pas a son père pour ça. Au contraire...

C’est difficile, d’oublier. D’oublier tout ce qu’on a vécu, pour repartir de zéro et tenter de recréer après la totale destruction… C’est difficile de ne pas hurler lorsque les souvenirs sont douloureux, et c’est encore plus dur de paraitre impassible alors qu’on regrette… Le regret est quelque chose d’horrible… Ce sont des mots, des actes, qui sont en désaccord de manière si intense avec nous-mêmes qu’on ne peut pas le supporter… Et pourtant on doit garder cette apparence souveraine qui dompte le temps et qui ne semble souffrir d’aucun maux… On pense d’ailleurs souvent que les rois sont les êtres les plus chanceux du monde… Mais vous vous trompez… La liberté n’a pas de place pour nous… Nous sommes juste enfermés dans une cage en or massif… Une cage qu’on ne peut quitter que lorsque notre vie se termine… On épouse une promise sortie de nulle part pour les intérêts du royaume et on fait naitre un enfant dans l’année qui suit pour devenir roi et satisfaire le peuple qui n’aime de vous que votre image… être roi n’est pas un privilège, c’est un devoir de chaque instant… Longtemps, dans l’innocence de ma jeunesse, j’ai cru pouvoir changer le monde… J’ai cru que je pourrai changer les lois immuables de ce monde perdu, et regardez donc où j’en suis aujourd’hui ? Les souvenirs continuent de me dévorer sans hésitation, sans que je ne puisse lutter intérieurement… ça fait pourtant tellement longtemps que tout cela s’est passé… « Va-t-en ! Ils vont te tuer ! » Mon visage se ferme sans que je ne puisse rien faire le temps d’une seconde, le temps qu’il faut à ce souvenir pour repartir d’où il vient… Je reprends bien vite contenance, et mes yeux cherchent ceux de l’enfant de Gabriel… Gabriel… à chaque fois que je regarde ses yeux, je t’imagine à sa place… Il possède les mêmes iris que les tiens… Deux yeux d’un bleu si profond qu’il semble observer la même détermination que toi dans toutes ses actions… C’est amusant, quand on y pense… Amusant de penser que malgré tous les efforts que je tente de faire, je ne pourrai jamais le protéger comme je te l’ai promis… J’en suis désolé… Je suis sûr qu’il aurait eu besoin d’un père, Gabriel… Même de substitution… Mais un jour, un jour on finira par se retrouver, tous, et tu lui expliqueras… Tu lui diras à quel point tu l’aimais et à quel point ses premiers sourires t’ont ravi, tu lui diras que tu es désolé et ton fils te pardonnera, j’en suis persuadé… C’est étrange, tu sais ? Je n’ai jamais réussi à considérer cet enfant autrement que comme un homme alors qu’il m’est impossible de savoir si c’est véritablement le cas… J’ai perdu de mon superbe, hein Gabriel… Mais je dois aussi te replacer dans mes souvenirs, et éviter de me perdre ainsi dans des iris qui ne sont pas véritablement les tiens… Disparais donc de nouveau dans le passé… C’est ici qu’est ta place, à présent… Reprenant à présent tout mon sérieux, sans détacher mon regard des yeux de l’actuel Prince de Cœur, je réponds d’une voix qui se veut ennuyée… Il n’est d’ailleurs pas totalement faux de dire que c’est le cas, et que je suis bien ennuyé de voir rappliquer le petit prince dès qu’il veut pousser quelqu’un à bout… Manque de chance ou hypersensibilité de l’enfant qui se doute que je sais bien des choses, le résultat reste le même, il est là:
« Mais Maxence… Ici ou ailleurs, cela reste la même chose… J’ai juste à rentrer au palais pour ne plus te voir… Alors pourquoi t’obstiner à revenir ici, à quelques millimètres de moi, en espérant me voir tout détruire…? »
Alors que cela n’arrivera pas. Je tiens tout de même à ce bout de territoire que je contrôle totalement. Je ne détruirai rien non plus chez lui, puisque je ne le peux pas. Alors je resterai là, à lui montrer une sorte d’attention, tandis qu’il faudra que je me retienne d’exploser pour de vrai, laissant mes nerfs se calmer… Et dire que… Non, c’est vain d’y penser. Je ne le dois pas. L’observant de nouveau après avoir observé les terres si différentes qui nous appartiennent, j’en rajoute une couche… Je ne veux pas vraiment le blesser, mais je ne peux pas non plus le materner.
« Allons, du vent, Petit Prince… Les intendants de ton palais doivent encore te chercher, tu sais ? »
Bien sûr qu’il sait. Il fait exprès de venir ici en cachette… Si une seule personne savait qu’il m’adressait la parole, il y aurait deux possibilités au niveau des réactions. Premièrement, il pourrait être pensé fou, vu qu’il parait que je ne suis qu’un fantôme… -rumeur que j’ai consciemment fait naitre et diffuser dans tout Wonderland- mais il ne risquerait rien, étant Prince… Ou alors, on dirait secrètement qu’il est un traitre. Mais peut-on le considérer comme tel vu qu’on pense que c’est lui qui dicte les règles…? Des têtes tomberaient, c’est tout… Rien de plus… Ah, voila que, me lançant un regard presque narquois, le Prince ouvre la bouche… Allons bon, ces quelques mots ne l’ont toujours pas chassé…?

Il regarde mes yeux, sans que je ne puisse réellement en trouver la raison. Je ne me rappelle pas de la couleur des tiens, Gabriel de Coeur. Car pour moi tu n'es que ça; un étranger. Pas du même genre que ceux qui arrivent ici, mais un étranger quand même. Du même genre que mon peuple, des paysans que je n'ai jamais vu, ou a peine, a qui je n'ai jamais même adresser la parole... Je ne me souviens même plus si un jour je t'ai adresser quelques mots. Je devais être trop jeune quand tu m'as quitter. Alors au fond pour moi, de vous deux, c'est d'avantage toi le fantôme.
C'est une manière pourtant de me rapprocher de toi... Une manière de lui imposer la réalité. Tu n'es pas là. Pas plus pour moi que pour lui... Mais rassure toi, Gab' personne ne sait que je suis là. En revanche ça se sait a présent qu'il vient a Coeur pour me voir, que je vois Pique... Enfin, ça pourrait très bien être d'autre sortes de visites, du genre que me ferait Silver, par exemple.
Mais là, je ne m'occupe pas des noirs. En fait je ne comprends pas vraiment comment on en est arriver là... Pourquoi le peuple est-il plus rassuré entre eux que mélanger? Alors que chacun ont peur pour leur famille? Il suffirait d'un accord commun. Pourtant je risquerais d'avantage a conclure une quelconque alliance qu'à m'évader comme je le fais la plus grande majorité de mes journées pour échapper a l'apprentissage qu'on essaye que me faire. Sérieusement...? Comment t'as fais, toi?! ça devais pas être pareil a ton époque... J'admet que j'aurai bien du mal a défendre ce que tu m'as léguer, si un jour on était attaquer. Enfin ce jour est loin.
Tu sais parfois j'imagine que tu pourrais revenir, et, j'essaye d'imaginer comment je réagirais. Et même si il parait qu'on ne peut pas prévoir ce genre de choses... Je ne sais pas trop lequel des deux réactions j'aurais. Parfois je me dis que je te sauterais au cou. Et d'autre part je commence déjà a anticiper comment te pourrir comme tu dois vouloir me pourrir, a chaque jour que tu retarde nos retrouvailles.
Peut-être en fait que la raison pour laquelle je réagirait mal, c'est pour me protéger de toi. Pour m'éviter de souffrir comme je le devrais. Parce qu'on ne dirait pas comme ça, mais je ne souffre pas le moins du monde de ton absence. Absolument pas.
Et je suis fier d'être ce que je suis, même si je ne le dirais jamais... J'aime tout ce luxe dans lequel je me conforte, même si jour après jour je le fuis.

"Et pourtant tu ne t'en va jamais dans tes ruines."

C'est peut-être même de ta faute si il ne s'en va jamais. Tu as certainement dû le lui faire promettre, au nom de votre amitié. Et si c'était le cas, je t'en voudrais, Gabriel, parce qu'alors tu savais que tu devrais m'abandonner.
Si un jour tu devais revenir, je ne sais pas si tes explications suffiraient a te faire entrer dans mon père au rang que tu es censé y occuper.

Je ne réponds rien. Pas de suite... La vérité est trop dure à formuler. J'aime à penser que je ne sors plus parce que je ne le désire plus... J'aime me voiler la face, et Gabriel me le reprocherait sûrement, me répétant la vérité encore et encore jusqu'à ce que j'entende raison... Mais la vérité fait mal... Pourtant, j'avale ma salive, et je reporte mon attention sur le petit Prince qui me fait face... Sans doute trouvera-t-il un moyen d'en rire... Mais le fait qu'il vienne me rappeler jour après jour ton absence m'est déjà extrêmement douloureux... Et dans ces instants-là, je m'en veux.
"Non, je ne peux plus sortir d'ici. C'est... ma pénitence."
Maxence ne comprendra pas, et dans un sens, c'est tout aussi bien. Je doute, au fond de moi, que la vérité lui fasse plaisir... Le silence, dans ces cas-là, est bien mieux, tant pour moi que pour lui. Un sourire, faible, résigné, s'empare alors de mon visage, tandis que mon regard se perd à nouveau dans les souvenirs... Je ne peux décidément pas laisser le petit Prince connaitre toute la vérité. Pour la simple et bonne raison que ça le, non, ça les mettrait en danger... Oh Gabriel, j'aimerai que tu sois là, et qu'à ta place ce soit moi qui ne sois pas auprès de ma famille... De toute manière, aucun d'entre eux ne sait qui je suis vraiment, alors... Encore une fois, je me reconcentre. je sais pourtant que tout cela est vain, et que les souhaits n'ont pas leur place dans notre monde... Et je dois encore paraître fier devant ton fils... Oh que je déteste mon rôle... J'aurai donné cher pour n'être qu'un paysan s'occupant de ses terres et désireux d'être roi... Mais bon, il est trop tard et mon credo doit suivre celui de tous les souverains avant moi... "paraître plutôt qu'être..." C'est la voie que je dois suivre...
"Pourquoi partir dans les ruines, comme tu dis, si je n'ai personne qui m'attend ? Autant rester là à profiter de la compagnie que tu m'offres plutôt que de relire encore et encore ces livres sur un passé qui n'est plus..."
Pourquoi ces mots ? Pourquoi lui rendre la pareille et le torturer ? Pourquoi ? De ces livres qui relatent le passé, je n'en ai plus tant... Je n'ai que ceux qui te concernent, toi et Ophélia... Ceux qui ne racontent rien, ceux qui ne parlent que de vous, et non du contexte qui vous entoure... Pourtant, je sais bien que ce sont ceux-ci qui l'intéressent... Des livres sur toi, sur l'homme que tu étais, sur ta vie entière... Des livres que je suis le seul à posséder... Je dois être en train de le torturer... Savoir et risquer de finir mien par les étranges pouvoirs que je possède ou ignorer et ne jamais comprendre pourquoi on est seul...? A sa place, je ne sais quel serait mon choix... Ayant connu mes parents, je ne peux pas avoir un avis objectif sur la question... Mais je me doute que cela me travaillerai, à sa place... Si cela se trouve, il va tenter de me les voler... Ce serait amusant, sachant qu'il ne pourra jamais trouver le palais... Je ne sais même pas si on l'a éveillé aux pouvoirs qui sommeillent en lui... je n'en sais strictement rien... J'ose même en douter, en fait...
"Ces pauvres gens ne méritent pas de perdre leur emploi... tu ne crois pas ? Et puis si tu trouves des personnes plus compétentes, tu ne pourras plus venir à moi... Ni à personne d'autre, d'ailleurs..."

Il ne fallait pas être sorcier, pour savoir ce qu'il tentait de faire. Mais son choix a lui, est déjà clairement établit dans son esprit. Et de la même façon que son père l'abandonne, il renonce a son père. Un père que même dans son esprit il nomme par son nom, tellement il est pour lui clair qu'il est un étranger. Maintenant sûrement dans les deux sens du terme, pour Maxence. La seule chose qui le questionnait, c'était de savoir si Gabriel pensait a lui, et était curieux a son égard comme il devrait pouvoir le faire...Pourtant... Parfois, il ressentait une certaine attirance pour ce que disait ce roi. Et lui? Au nom d'une amitié perdue, est-ce qu'il ferait de lui un être incapable de songer? Incapable de voir ce qui est vraiment ... Bien pour lui? Oh, Maxence se complaisait a croire que non.

"Ta pénitence, Vieil homme? Tu as donc été un vilain garçon, lorsque tu pouvais encore te vanter d'une certaine forme de jeunesse?"

Est-ce qu'il lui ressemblait..? Est-ce qu'autre chose que ses yeux pouvait rappeler a cet homme solitaire la présence de son ami? ... Alors qu'à part ses yeux, il ne ressemblait en presque rien a son père. Presque, parce qu'il ne savait lui même quoi... Comment pourrait-il savoir?!

"Quoi, tu sais lire?! Roh, mais t'es plus intelligent que je l'aurais cru, papy!"

Gabriel l'avait laisser avec un bien piètre notion des âges. Après quoi, Maxence avait évoluer avec des gens d'une vingtaine d'années, qui, pour lui aurait pu faire office de parents. Laissant donc les générations d'au dessus comme des vieillards. Et puis... Il faut dire qu'il en jouait en sachant très bien qu'il ne devait pas apprécier ça.

"Ce n'est pas mon problème. Ils font mal leur boulot, et ils ne m'amusent plus autant. Et avec des gens, même plus compétent, j'aurais l'occasion de m'enfuir quand bon me semble. Je suis le seul a connaitre quelques passages amusants..."

Le roi que j'étais observa derrière le mur invisible qui nous séparait le visage de l'enfant de Gabriel... Oui, ma pénitence... Oh oui...
"Oui, pour t'av...non, oublie ce que j'allais dire..."
Après avoir continué sur ma lancée, j'avais failli lui avouer une terrible vérité... Non, je ne peux pas le lui avouer... S'il savait, je ne sais pas comment il réagirait, et ça les mettrait en danger... C'est hors de question. Soupirant, je reportais mon attention sur Maxence de Coeur, dont les yeux présentaient la ressemblance la plus flagrante reliant père et fils, mais pas seulement... Sa façon de sourire, et la vive intelligence qui brûlait dans son regard, ainsi que la détermination sans faille qui peuplait ses iris composaient autant de points communs entre Gabriel et Maxence... Oui, plus ça allait, plus je revoyais mon ami en face de moi... Tendant la main comme pour caresser son visage et voir si je rêvais, la réalité me heurta de plein fouet, sous la forme de cette frontière qui m'empêchait d'agir sur le monde extérieur... En échange, je dominais toute chose en mon territoire, mais c'était bien cher payer la perte de toute liberté... Mais revenant à la réalité, je posais la main sur la frontière, soupirant ouvertement... Je ne suis qu'un idiot qui s'imagine avoir en face de moi un disparu alors que je n'ai que son enfant... Peut être que le petit Prince a raison... Peut être suis-je vieux dans ma tête à défaut de l'être dans mon corps...
"Bien sûr que je sais lire ! Dans ma jeunesse, comme tu le dis, et bien j'écr..."
Le silence est d'or, je dois m'en souvenir encore et encore. Je dois me taire et ne rien dire. Que ce soit à Maxence, aux étrangers, aux neutres, aux autres signes... Je dois me taire et vivre dans ma prison en or pour l'éternité... Sans vous... Seul... Pfff ! Je dois me reprendre et avancer comme je le peux. Je dois conserver sous clé l'histoire de Wonderland et penser au présent, voire même au futur. Je dois tenter de rendre à Carreau sa splendeur passée en reprenant ce qui lui est dû. L'avenir vient de s'ouvrir, moi-même je le sais. Parce qu'ils sont arrivés. Ils ? Qui sont ils ? Le temps n'est pas encore venu pour vous de le découvrir...
"Qui te dit que ton père ne m'en a jamais parlé...? Peut-être pourrai-je révéler à tes intendants tous les passages que tu utilises et qualifies d'amusant...?"

Gabriel aurait laisser quelqu'un a sa garde? Rien que cette idée le dégoûtait, rien que ça, si ça avait été dis pour attirer sa curiosité avait réussit a le désintéresser complètement.
En fait son père était un beau salop!~ Quelle raison peut-bien vous séparer de vos gosses? En fait il avait pas voulut de son destin, avait fait un gosse pour que le royaume puisse survivre et c'était barré! Voilà tout!!

"Il me suffirait de les éliminer. Qui voudrait de traîtres dans le château de leur prince? Assez simpliste que pour penser que parler au roi de carreau leur rendrait service?"

Maxence finit par s'asseoir, ses jambes sur son buste, les bras entourant ceux ci, et, le regard levé vers lui. Il soupira a son tour...